samedi 25 juillet 2015

La 6000D

Ça faisait déjà quelques temps que cette course me tentait mais je n'osais pas vraiment m'y inscrire : 4000 de D+ c'est pas tout à fait une course de  mickey , la montée, c'est pas mon point fort.
La limite d'inscription étant le 14 juillet, j'ai attendu le 13 pour me décider et finalement m'inscrire.

Avant la course : 

Vendredi vers 17h, en arrivant sur la vallée, je vois le ciel s'assombrir de plus en plus, les éclairs zébrer le ciel et enfin, les trombes d'eau qui nous obligent à rouler à 50km/h sur la 4 voies (et font descendre la température, certes caniculaire, de 10°C).
Ça commence mal cette histoire...
Je vais récupérer mon dossard et regarde les prévisions météo qui annoncent de la pluie pendant la nuit mais s’arrêtant pour le lendemain. Ça me rassure un peu pour la course mais commence à me questionner sur mon hébergement. Comme je m'étais inscrite super tard, les hôtels étaient bien entendu déjà complets et j'avais prévu d'aller dormir au camping (j'ai ma tente dans le coffre). Mais avec toute cette pluie annoncée, la perspective de la toile de tente m'attire de moins en moins. Je finis par me dire que je serais même plutôt mieux dans ma voiture (j'ai un break et avec les sièges rabattus, je peux étaler mon matelas plutôt confortablement.

C'est donc décidé : les toilettes publiques sont propres et facilement accessibles et il y a des douches au gymnase pour après la course. Je vais donc faire un tour à la supérette pour acheter 2 bouteilles de St-Yorre pour le remplissage initial de ma poche à eau et repère un resto où les assiettes de pâtes ont l'air sympa. J'y fait la connaissances de deux gars de Chambéry qui sont aussi là pour la 6000D et qui vont dormir dans une remorque sur le parking de la gare (du coup, ça me conforte dans mon idée de ne pas aller au camping).
Après avoir mangé, discuté, bu une tisane, je vais garer ma voiture pas loin de la leur et, puisqu'il ne pleut pas, nous nous affairons chacun à préparer nos sacs et tenues pour le lendemain matin.
Je coince des serviettes dans les vitres et une couverture au niveau du coffre comme rideaux. Je lit un peu et me couche tôt. Malheureusement, pendant la nuit, les orages reprennent et je me réveille régulièrement au son du tonnerre ou des trombes de pluie. Je suis vraiment inquiète pour la journée à venir mais j'essaye de dormir autant que possible jusqu'à ce que mon réveil m'annonce qu'il est 5h et qu'il est temps de me lever. Je me mets en tenue (je troque mon short pour un 3/4) en espérant que l'absence de pluie va se prolonger.

Je sors de la voiture, salue mes voisins qui se préparent, profite des toilettes de la gare (et croise les doigts pour que mes soucis intestinaux des derniers jours me laissent tranquille pour la journée - aidé par un peu de Smecta). Un petit dej léger (madeleines, barres de fruits secs maison et eau) et je finis de m'équiper. Je pars devant pour passer à la consigne (j'y laisse un sac avec de quoi me doucher - pour ne pas avoir à repasser à ma voiture - et surtout mes clefs de voiture)

La course : 

Dans le sas de départ, je repère des oreilles de lapins et je suis contente de pouvoir rejoindre Carole et Emir, les lapins runners, toujours sur un nombre impressionnant de course (et pas des plus petites).


Nous discutons et patientons. L'heure du départ arrive mais il y a des annonces au micro. Comme d'habitude, quand on est au milieu de la foule, on ne comprend pas grand chose, juste que ça doit avoir avec la vérification du parcours après le déluge de la nuit (en fait c'était bien ça et c'était même que les remontées pour aller au glacier refusaient de redémarrer). Vers 6h20, le départ est enfin donné et nous pouvons élancer dans les rues de Aime.

Comme beaucoup de trails, les premiers kilomètres se font sur les routes pour étirer un peu le peloton. C'est donc après 3km de bitume que nous attaquons la montée sur un chemin en "dual track"


L'air est plutôt chaud et le fait d'être en sous-bois donne une sensation de hammam dû à l'humidité qui s'évapore. Par moment, quand on respire, il y a le même effet qu'en hiver quand l'humidité expirée se condense (mais là je pense que c'est parce que l'air est déjà tellement saturé qu'une petite augmentation arrive à faire basculer l'équilibre).
Les lapins me doublent sans me voir mais je sais que la montée ne fait que commencer et que ça ne sert à rien de vouloir leur emboîter le pas.
Un peu avant d'arriver à Longefoy, alors qu'on entends les trompes de supporters, et qu'un nombre déjà impressionnant de coureurs sont déjà passés, juste sur le côté du chemin, on voit détaller un chevreuil qui semble ne pas comprendre où il peut passer (je suis contente de voir que j'étais assez bien pour pouvoir regarder un peu autour de moi).


A Longefoy, c'est chouette de voir déjà pas mal de monde qui nous encouragent. En plus, on est sorti des bois et donc on respire quand même vraiment mieux.


Juste après, à la Plagne Montalbert, il y a encore plus de monde et même certains avec des costumes de clown et de la mascotte de la Plagne.


Même si mon inscription a été super tardive et que mon nom n'a pas pu être imprimé sur mon dossard, les organisateurs l'ont inscrit au feutre et les spectateurs nous encouragent par nos prénoms. C'est toujours aussi agréable d'avoir ce type de soutient et j'essaye de sourire et saluer les personnes qui ont pris la peine de venir nous encourager plutôt que de faire la grasse mat.

On continue de monter et je suis contente de voir que le stage trail de fin juin a porté ses fruits et que grâce à mes bâtons, je continue de monter, certes pas très vite, mais pas trop difficilement.

Enfin, on arrive à la piste de bobsleigh. 


C'est marrant, ça monte moins raide que ce à quoi je m'attendais, je peux même courir la plupart du temps. 



La musique dans les hauts parleurs tout le long du parcours nous ferait presque croire qu'on est en boite de nuit (mais en boite, il y a en général plus de lumière et moins de veaux qui nous regardent passer ;-))

Sortis de là, une petite descente. Je ne veux pas trop me cramer mais je sais qu'il faut profiter de tous les moments les plus faciles pour ne pas trop se laisser distancer.

 La montée reprends assez vite et assez fort pour nous emmener au premier ravitaillement de la Plagne Centre.




Ma poche à eau est assez pleine encore donc pas besoin de refaire le niveau. Par contre, je veux manger et boire un peu sucré et c'est difficile. Pour s'approcher de la table, il faut jouer des coudes et arriver à attraper quelque chose avant que l'assiette soit complètement vidée. Les pauvres bénévoles ont l'air surbookés et celle qui coupe des bananes à la chaine semble presque surprise que je prenne le temps de la remercier.
Cette masse de gens qui s'agitent sans parler et en oubliant de prendre le temps d'être aimable ne me donne pas envie de rester trop longtemps et je repars pour une nouvelle montée.


C'est long, c'est difficile, mais le paysage est magnifique. 



Je m'arrête de temps en temps pour prendre des photos (c'est toujours une bonne excuse pour faire une petite pause en montée).





Après une montée un peu raide au dessus du lac des Blanchets jusqu'à la Roche Mio, nous attaquons la redescente jusqu'au col de la Chiaupe où a lieu le dernier ravitaillement avant le glacier.


Au ravitaillement, la foule des coureurs est moins dense qu'au précédent et les gens prennent le temps nécessaire à manger et boire sans se bousculer et en discutant un peu. Là, je découvre une chose merveilleuse : ils ont de l'ice tea comme boisson. Mon estomac supporte mal les boissons gazeuses et là, j'ai enfin quelque chose de sucré et qui passe bien. Je ne mange pas beaucoup mais je suis contente que ça arrive à passer.
Je n'ai pas encore besoin de remplir la poche à eau mais mon embout fuit de plus en plus (en fait j'ai dû mordre trop fort une fois et il y a un trou sur le côté qui fait prise d'air et provoque une fuite pas très importante mais assez régulière).

Je sens que mes jambes et mes bras ont bien bossés et je profite un peu de la pause pour les relâcher. Je suis contente de ne pas avoir de grosses douleurs (pas les hanches qui bloquent, pas mal aux pieds, pas de crampes, ...)
Je ne traîne pas trop longtemps non plus parce que je sais que la barrière horaire est à ce même point lors de la descente et que la montée est raide. Je repars et effectivement, rapidement, je me rends compte que la montée est sacrément raide. 


En levant les yeux, je vois la file ininterrompue de participants qui montent à perte de vue le long de ce mur (il me semble moins raide que celui de Besançon mais je ne sais pas si c'est la réalité ou si mon expérience qui m'aide à le rendre plus abordable). 


Je me concentre sur les pieds de la personne devant moi et sur l'endroit où je dois poser les miens pour garder le rythme. Je ne m'arrête pas souvent, juste le temps de reprendre mon souffle, profiter du paysage et de prendre quelques photos (j'arrive même à en prendre certaines en continuant à marcher).


L'arrivée au ravitaillement est un vrai soulagement. Entre la difficulté de la montée et le manque d'oxygène, je me sens vraiment faible, je rêve de m’asseoir dans un coin, blottie dans une couverture, mais je pense que ça passera en descendant donc je m'accroche.


Je me force à manger et boire un peu. Quand un des bénévole apporte de la soupe, je me dis que ça va me réchauffer et me remettre sur pieds. Ça améliore un peu la sensation de froid mais j'ai toujours l'impression de manque d'énergie. En arrivant au point de contrôle, on pensait en avoir fini avec la montée mais, en fait, il reste encore un morceau avant de pouvoir descendre. Je veut faire une petite pause avant de m'y attaquer mais j'hésite entre rester debout où m'asseoir (j'ai peur de ne pas avoir envie de me relever).


Mes intestins qui avaient acceptés de me laisser assez tranquille jusque là, eux, décide d'un seul coup de se réveiller avec des crampes et je file vers la cabane avec des WC qui est heureusement là. Sans rentrer dans les détails, je me vide, j'ai mal au ventre, j'ai l'impression de rester super longtemps aux toilettes mais petit à petit les crampes se calment. Je me dis que pour la suite, soit j'ai de la chance et cette pause m'a permis de repartir comme il faut, soit, si ça continue comme ça, je vais être sacrément mal pendant toute la descente.
J'ai les jambes un peu chancelantes mais cette fois, je me dis qu'il faut y aller si je veux arriver à continuer.



Heureusement, la pente n'est pas trop raide et surtout pas trop longue. J’immortalise par quelques photos l'arrivée au point culminant de la course (3047m) mais il y a un petit vent froid qui me décourage même de prendre le temps de ranger mes bâtons tout de suite.


J'hésite à mettre mon imper mais je me dis que le temps de le sortir sera plus long que le temps où j'en aurai besoin. 


Je commence la descente tranquillement. Je sens que mon coup de mou n'est pas encore passé et ma concentration n'est pas géniale. Je suis prudente pour ne pas me faire mal. Un peu avant le col de la Chiaupe, une des descente bien droite et raide aurait du être difficile pour moi, mais, avec la pluie de la nuit, le sol et mou sans être boueux. Je peux descendre à grandes foulées sans craindre de talonner.

Au ravitaillement, je sens que je commence à reprendre mes esprits. Je range mes bâtons, remet 1l d'eau dans ma poche, je suis même assez en forme pour discuter avec les bénévoles pendant que je mange et boit un peu.


Je repars pour la suite de la descente seulement 1/2h avant la barrière horaire (je ne me rendais pas compte que j'en était aussi proche).


Je descends à un bon rythme et je commence à doubler des coureurs. 


De jolis passages en corniche nous permettent de dérouler tout en profitant des paysages. Plus je descends et plus je retrouve de l'énergie. 


Même la montée au col de l'Arpette se passe bien et je continue à dépasser des concurrents.





Après l'Arpette, je sais qu'on en a terminé avec les montées et qu'à partir de maintenant, on descend ! \o/
Dans les passages les plus droits, je déroule ma foulée en essayant au mieux de ne pas talonner et dès que c'est un peu technique, je profite de mes jambes qui sont vraiment revenues pour attaquer.
Un peu avant Bellecôte, je rejoins Carole et Emir. Un bénévole nous annonce le ravitaillement à 1km. Sachant que je fais généralement des pauses assez longue, je pars devant en pensant les revoir au ravito.
En fait, c'était plutôt 2km qu'il fallait compter et comme je suis en forme et que je ne dois pas remplir mon camel, je ne m'arrête finalement pas trop longtemps et repart sans revoir les lapins.
A partir de là, certains passages se font dans les bois et les sentiers sont de plus en plus sympathiques à descendre. Je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir déjà 45km dans les jambes. Même les chemins empierrés passent bien et les seuls passages que je redoute sont ceux avec du goudron (mais ils sont souvent assez courts). Je double énormément de monde et je n'ai pas l'impression de forcer, juste de courir sur un terrain fait pour moi.
Plus l'altitude baisse et plus il fait chaud mais les arbres nous donnent de la fraîcheur et on peut vraiment profiter de la montagne.
Au ravitaillement de Montchavin, je me dis qu'un nouveau passage aux toilettes est nécessaire. Je ne m'attarde donc pas trop au ravito après avoir mangé un peu et surtout descendu quelques verre d'ice tea (comme à tous les ravitaillements où il y en avait) et file aux wc qui sont un peu plus loin. En fait, ça devait être le stress et je repars après une petite pause pipi.

On nous annonce 9km jusqu'à l'arrivée : une formalité. On replonge très vite dans les bois et dans les sentiers monotrace en balcon qui alternent descentes techniques et petites montées. Je me sens vraiment comme un poisson dans l'eau. J'ai l'impression de voler et je double des coureurs qui me paraissent presque à l’arrêt tellement ils ont du mal à descendre. Je me faufile, je passe sur les côtés dès qu'il y a un peu de place, certains se poussent gentiment en m'entendant arriver. Je dépasse des coureurs qui m'avaient doublée en montée et qui se demandaient comment j'allais supporter le chemin en minimaliste, ils peuvent constater que mes pieds vont bien :-). Bref, je dévale la montagne comme si je venais de commencer la course en savourant chaque minute.
A presque 63km, on arrive sur les bords de l'Isère et la descente est finie. On se trouve maintenant sur une piste cyclable goudronnée qui doit nous conduire à Aime. Assez rapidement, mes pieds commencent à chauffer. Je ne peux même pas courir sur le bas côté parce que ce sont des gros gravillons très tassés. Plusieurs fois on nous annonce des distances qui ne diminuent pas aussi vite que les kilomètres s'ajoutent à ma montre. En plus, je n'ai plus d'eau dans mon sac et, même si je n'ai pas soif et qu'il reste très peu de distance, ça me contrarie. J'hésite à marcher mais j'ai envie d'arriver et pouvoir m’arrêter pour de vrai. Et aussi, je vois que j'ai le temps de rester sous les 11h. C'est sûr, je suis venue sans objectif de temps mais ça ne m’empêche pas de vouloir en faire un bon ;-)

À la sortie de la piste cyclable, on entre enfin dans Aime et on doit faire un petit tour dans le centre ville avant la ligne d'arrivée. Il y a énormément de monde, aussi bien des habitants que des accompagnants que des coureurs qui ont déjà fini de courir. Grâce à mon dossard, j'entends plein de monde m'appeler par mon prénom, et c'est vraiment agréable de se sentir personnellement encouragée. Quand je m'approche de l'arrivée, j'entends le commentateur annoncer qu'il va bientôt y avoir les derniers coureurs sous les 11h. Je veux en être alors j’accélère.


Je passe sous l'arche alors que l'horloge marque encore 10:59 et je suis ravie. Je reçois ma médaille et on me propose de m'asseoir. Je suis fatiguée mais je ne me sens pas vidée. J'accepte quand même l'invitation le temps de reprendre un peu mon souffle et boire un peu d'eau. Ensuite, je vais récupérer mon tshirt de finisher et je rejoins le ravitaillement.
Je grignote et bois un peu avant de me diriger tranquillement vers la consigne et les douches.
Sous la douche, je découvre que mon sac à dos m'a laissé quelques vilaines brûlures dans le dos (dont une qui doit bien faire au moins 7x4cm - et qui après examen du sac est sûrement du à un scratch pas recollé bien en place). Je peux y ajouter une brûlure sur le dessus du pied gauche parce que ma chaussure était trop serrée et une derrière le talon droit (c'est pas la première fois que j'ai un problème pile à cet endroit là avec cette paire : il doit y avoir un truc qui déconne avec la couture de ce côté).

Après

Puisque j'ai le temps, je profite de la présence des kinés pour m'aider à commencer ma récup et de podologues pour mes brûlures aux pieds.
Le soir, après la remise des prix, j'opte pour des diots/aligot (mélange original de deux massifs de montagnes) avant d'aller dormir (pas trop tard, la journée a été longue).

Le strava : https://www.strava.com/activities/353991297 

Temps 10h59m24s
Classement général        884 / 1355
Classement dans la catégorie (SEF)          28 / 48
Classement Féminin       64 / 123

1515 partants (1747 inscrits)



En tout cas, ça confirme mon ressenti : je suis pas au top en montée mais je carbure en descente (plus de 300 places gagnées sur la descente quand même).

PS: Pas de photos pendant la descente, je m'amusais trop, j'ai dû oublier ;-)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire